Cette semaine, pour nous parler du marché de l’assurance en entreprise, nous avons posé nos questions à Ghyslain Rodrigue, courtier d’assurance indépendant au sein de l’équipe d’Assurances Multi-Risques. Il nous explique entre autres les raisons pour lesquels le marché s’est nettement complexifié depuis 2019.

Qu’est-ce qui explique le durcissement du marché en assurance entreprise ?

Ghyslain : La raison de la hausse des primes s’explique par des faits qui datent d’avant 2020. Je dirais que ça fait un peu plus d’un an qu’on remarque un durcissement du marché en assurance entreprise.

Ce qu’il faut comprendre que les variations de tendance de prix ça vient par vague qui historiquement, dure en moyenne 7 ans. Pendant un moment le marché est plus « mou », et au bout de 7 ans, il redevient généralement un peu plus difficile. Quand le marché est mou, les primes sont à la baisse, les assureurs sont agressifs parce leur but est d’obtenir plus de parts de marché, et ce, à n’importe quel prix.

L’histoire, c’est que cette période-là, ça faisait plus de 15 ans qu’elle durait! Et donc quand la rentabilité n’est plus là, comme c’est le cas depuis plusieurs mois, et bien le marché durci; le but des assureurs n’est plus d’acquérir de la clientèle, mais plutôt de mettre les freins. Ils font l’analysent de leurs portefeuilles et ils essaient de trouver les secteurs les moins rentables pour eux, puis ils augmentent le montant des primes et dans certains cas, ils vont tout simplement se désister du secteur et vont même arrêter de couvrir certaines entreprises.

Y a-t-il des secteurs plus touchés que d’autres ?

Ghyslain : Je dirais que les secteurs qui étaient déjà un peu plus à risque sont devenus encore plus difficiles à assurer, voire impossibles à assurer dans certains cas. Je pense notamment à des métiers d’entreprise comme : couvreurs, déneigeurs, ébénistes, etc.

Mais c’est vraiment du cas par cas. La classe de risque pour laquelle on a vraiment du mal à trouver de l’assurance en ce moment concerne surtout les clients qui ont des dossiers plumitifs en assurance des entreprises.

Certaines personnes dont l’entreprise ne peut être assurée décident tout simplement d’abandonner leur projet, et d’autres prennent quand même la chance de faire leurs activités sans avoir d’assurance.

Si l’accessibilité au marché s’est complexifiée avant même l’arrivée de la COVID-19, quel autre élément peut expliquer cette situation ?

Ghyslain : Le phénomène qui est important de mentionner ici, c’est le changement climatique… Parce qu’en assurance entreprise, on transige souvent avec des assureurs internationaux. Et au niveau mondial, les catastrophes naturelles comme les feux en Australie ou en Californie, les inondations et ouragans ont eu de lourdes conséquences sur le marché de l’assurance. C’est venu ajouter une pression financière importante sur les assureurs.

Le facteur climatique, ainsi que les facteurs expliqués plus haut expliquent la hausse du montant des primes et du durcissement du marché de l’assurance en entreprise.

Alors, comment faire pour diminuer sa prime d’assurance entreprise dans ces circonstances ?

Ghyslain : La meilleure chose à faire c’est d’abord de contacter son courtier d’assurance. Mais généralement, si une hausse de prime est trop importante, nous appelons nous-mêmes le client pour le prévenir et trouver une solution. Parfois, on tente de trouver un assureur qui sera moins cher, mais malheureusement, ça ne fonctionne pas toujours.

Et avec l’arrivée de la COVID-19, la situation ne s’est pas améliorée. Il existait encore des secteurs en entreprise qui n’avaient pas encore été trop touchés, mais depuis le début de la pandémie, avec la fermeture notamment des restaurants, mais surtout des bars, c’est devenu très compliqué. Les renouvellements d’assurance pour les bars sont marqués par de fortes hausses de primes. Certains assureurs se désistent aussi.

Contrairement à ce que les gens pensent, un commerce fermé représente un risque beaucoup plus élevé pour les assureurs. Moins d’entrées d’argent signifient moins d’entretien au niveau de la bâtisse. Par exemple, une toiture qui devait être refaite ne le sera pas parce que le chiffre d’affaires a baissé, et oups, la toiture coule. C’est juste un exemple, mais il faut aussi penser que s’il n’y a personne sur place, ça devient difficile d’intercepter un départ de feu ou un dégât d’eau, et devient aussi plus à risque de vol ou de vandalisme.

En conclusion, la meilleure chose à faire c’est d’appeler son courtier. Il saura vous donner l’heure juste sur la situation de votre secteur d’activité au niveau des assurances, et tenter de trouver des solutions afin de faire baisser votre prime!