Pour sa série Entrepreneur du mois, Assurance Multi-Risques s’est entretenue avec Jean-René Bélanger, CEO de l’entreprise Imeka. Située sur la rue Marquette à Sherbrooke, la jeune entreprise continue son développement dans les locaux d’Espace-inc, un incubateur d’entreprises sherbrookois. À constater l’envergure de ce qu’ils proposent aujourd’hui comme solution en imagerie médicale, le saut dans la cour des grands est vraisemblablement déjà bien entamé.

 

Qu’est-ce que Imeka Medical Imaging?

JR – Nous développons un logiciel destiné à l’imagerie médicale du cerveau. Ce logiciel ajoute une profondeur supplémentaire aux statistiques de l’IRM actuelles, ce qui permet de voir et d’analyser des résultats qui sont non disponibles sans ce logiciel. Actuellement, les spécialistes du cerveau se fient aux données empiriques de la littérature médicale.

 

Aujourd’hui, notre logiciel s’adresse non seulement aux spécialistes du cerveau dans les départements de neurochirurgie, mais plus majoritairement aux compagnies pharmaceutiques et aux centres de recherches. Grâce au logiciel, les essais cliniques de plusieurs médicaments surtout destinés à soigner la sclérose en plaques, l’alzheimer et le parkinson sont davantage précis et exhaustifs. Finalement, les neurochirurgiens profitent aussi de notre support, car nous leur permettons d’améliorer la planification et la précision de leurs chirurgies.

 

Comment est née l’idée de lancer Imeka?

JR – D’abord, il faut savoir que les deux fondateurs, Pierre-Marc Jodoin et Maxime Descoteaux sont professeurs et chercheurs en sciences de l’image et des médias numériques à l’Université de Sherbrooke. C’est le seul baccalauréat dans ce genre qui s’offre au Canada. Il y a quelques années, des chercheurs du Centre Hospitalier Universitaire de Sherbrooke ont réquisitionné leur aide en imagerie médicale. Jusqu’alors, les résultats des IRM n’étaient que qualitatifs, nos deux fondateurs ont réussi à ajouter un aspect quantitatif, donc une nouvelle couche de statistiques aux résultats.

 

La création de la première version du logiciel a donc déterminé le lancement d’Imeka. Depuis, nous ne cessons de le développer. Par exemple, nous intégrons depuis plusieurs mois l’intelligence artificielle afin d’assister l’analyse des résultats.

 

À quoi ressemble votre pitch de vente dans votre domaine?

JR – Nous débutons toujours par dire que nous avons une solution pour étudier la matière blanche et que nous offrons le seul outil capable de la présenter avec une telle profondeur sans la découper. Nous sommes en mesure de fournir des indices de la présence d’une maladie avant l’apparition des premiers symptômes. Ces phrases constituent des offres alléchantes pour nos cibles.

 

Notre défi pour vendre nos services est que nous avons souvent deux cibles à convaincre. Par exemple, aux États-Unis, il y a la Food & Drug Administration et les compagnies pharmaceutiques. Les compagnies pharmaceutiques américaines doivent faire approuver leurs médicaments par la FDA. Donc même s’ils présentent les résultats de nos tests, si la FDA ne reconnait pas la validité de ceux-ci, les résultats n’ont pas beaucoup de poids. Ainsi, nous cherchons à avoir le seau de la FDA. Il sera alors facile de convaincre les compagnies pharmaceutiques américaines de travailler avec nous.

 

Pourquoi faire affaire avec un bon courtier d’assurance indépendant est important pour vous?

JR – Au départ, vu que notre domaine est particulier, nous allions voir les compagnies d’assurance directement. Mais nous nous sommes vite rendu à l’évidence que celles-ci ne comprenaient pas notre domaine; elles nous identifiaient dans une catégorie qui n’était pas la bonne. Il en résultait donc des soumissions d’assurance qui n’avaient aucun sens.

 

Nous avons alors décidé de nous faire accompagner dans notre magasinage par un courtier d’assurance indépendant et nous avons contacté Assurances Multi-Risques, parce qu’elle ne représente aucune compagnie d’assurance. Leur impartialité était primordiale pour nous. En plus de trouver la meilleure soumission, l’équipe d’Assurances Multi-Risques a pu, plus facilement que nous, débattre avec les compagnies d’assurance et leur fait comprendre que bien que nous sommes dans le domaine médical, notre niveau de risque n’est pas élevé. C’est une aide précieuse que nous avons reçue.

 

Comment entrevoyez-vous les prochaines années?

JR – Notre dernière innovation permettant de percevoir l’inflammation de la matière blanche avant l’apparition des premiers symptômes nous ouvre des portes incroyables. Nous sentons présentement que nous sommes sur le point de prendre notre envol. Présentement, nous nous concentrons principalement dans trois régions : la région de Boston, la Californie et la Suisse. Mais des marchés asiatiques et d’autres européens vont peut-être s’ajouter au cours des prochaines années. Notre croissance sera forte, parce que notre offre est maintenant puissante.

 

De plus, présentement, nous ne vendons pas notre logiciel. Nous offrons le service depuis nos bureaux. Ainsi, nous recevons des images et les traitons ici, puis nous retournons les résultats pour des fins d’analyse. Toutefois, nous savons que certaines cibles, notamment les départements de neurochirurgie, voudront dans l’avenir se servir eux-mêmes du logiciel, donc l’avoir surplace. Notre modèle d’affaires va inévitablement se modifier à ce moment-là.

Nous planifions présentement déjà les embauches de la prochaine année. Nous savons que nous aurons besoin de spécialiste en imagerie, en intelligence artificielle et en vente.

 

Notre aventure dans l’Espace inc. tirera à sa fin dans les prochaines années, voire prochains mois. Le support que nous recevons ici est incroyable. Bientôt, nous jouerons dans la cour des grands, mais nous n’oublierons jamais notre naissance dans cet incubateur de Sherbrooke.