Lorsqu’il est question de gérer une entreprise familiale, les défis sont nombreux. Une bonne communication et la mise en place de structures qui sépareront famille et affaires permettront d’éviter les débordements et d’assurer la survie du patrimoine familial. Assurances Multi-Risques a échangé avec Benjamin Bureau, directeur général de Maison Bureau & Bureau, afin d’en savoir davantage sur son parcours et sa vision pour l’entreprise sherbrookoise.
Parlez-moi de votre parcours professionnel.
J’ai tout d’abord fait mes classes au sein de l’entreprise familiale. De 14 à 24 ans, j’ai touché à tout : faire la réception, assembler les meubles, faire de la vente, livrer les meubles.
Par la suite, j’ai suivi des cours de restauration et de sommellerie tout en travaillant pour les restaurants de la région. En travaillant pour divers restaurateurs, j’ai appris beaucoup sur l’agriculture, le service à la clientèle, le tourisme.
Après quelques voyages, je me suis installé au Lac Louise pour travailler pour une chaine hôtelière pour ensuite œuvrer au sein du Château Whistler comme sommelier et directeur des vins, où j’étais en charge de la formation pour les employés en restauration.
Le Château Whistler souhaitait refaire son image de marque et bonifier son offre gourmande et vinicole. Avec la collaboration du directeur général, j’ai transformé le restaurant en steakhouse avec une offre vinicole de produits locaux. Le restaurant s’est d’ailleurs retrouvé parmi les cinq meilleurs restaurants de la chaine Fairmont et dans le top 10 d’Open Table de la région.
Mes expériences sur la côte ouest canadienne m’ont permis de parfaire mes connaissances en gestion des stocks, en ressources humaines, en opérations.
Je suis ensuite retourné à la maison pour retrouver ma famille avant de repartir pour la Nouvelle-Zélande où j’avais décroché un emploi pour Wine Searcher. En discutant avec mon père et mon grand-père, j’ai décidé de rester à Sherbrooke pour assurer la direction générale de Maison Bureau & Bureau pour ainsi permettre à mon père de prendre sa retraite et pour insuffler un vent de fraicheur à l’entreprise.
Ancré dans mes valeurs familiales, il était temps pour moi de passer à une autre étape. Je sentais que je pouvais apporter quelque chose de concret pour l’entreprise familiale.
Quelle est la clientèle cible de Maison Bureau & Bureau ?
Les familles estriennes qui souhaitent se procurer des meubles durables de qualité et qui recherchent une approche client personnalisée très près de nos valeurs familiales. Un client chez nous n’est pas un numéro. Il reçoit un service hors pair où le conseiller fait preuve d’honnêteté, de respect, de compétence.
Notre clientèle est variée, des jeunes familles qui désirent faire les bons choix pour meubler leur première maison aux retraités qui veulent des meubles adaptés à leur condo.
Notre clientèle priorise les entreprises qui ont une conscience sociale, autant dans l’offre de ses produits que dans l’engagement dans sa communauté. On encourage les entreprises régionales, québécoises et canadiennes, ce qui favorise le développement de notre économie au lieu d’envoyer notre argent dans les pays étrangers. La famille Bureau est impliquée dans divers organismes de la région tels que la Fondation du CHUS, la Fondation du Salésien et Sercovie. Nous offrons également des stages pour les étudiants de l’Université de Sherbrooke.
Quels sont les défis actuels rencontrés dans le secteur de la vente de meubles et d’électroménagers ?
Il y a certainement une compétition accrue à Sherbrooke. Les grandes corporations possèdent un budget marketing plus élevé que les entreprises régionales.
Nous devons également composer avec une réalité géographique où les clients consomment davantage à l’extérieur du centre-ville, notamment au Carrefour de l’Estrie et dans le quartier Plateau St-Joseph.
Quelle est votre vision pour l’entreprise à court, moyen et long terme ?
À court terme, nous souhaitons offrir une sélection de produits qui répond aux familles estriennes. À moyen terme, nous voulons être reconnu comme un commerçant local qui offre les mêmes avantages que les grandes corporations.
À long terme, nous voulons passer le flambeau aux futures générations de la famille Bureau pour assurer la pérennité de l’entreprise.
Avez-vous des conseils à donner avant de s’investir dans une entreprise familiale ?
Tout d’abord, il faut prendre le temps de bien comprendre les rôles et rouages de l’entreprise et de respecter les acquis bâtis par la famille avant d’y apporter son grain de sel.
Il ne faut pas hésiter à proposer de nouvelles pistes de solution pour bonifier l’entreprise familiale, que ce soit l’intégration de nouvelles technologies ou l’élaboration d’une stratégie marketing adaptée aux nouvelles habitudes de consommation des clients.
Peu de gens ont la chance d’œuvrer pour des entreprises familiales. Il faut donc voir tous les obstacles et les apprentissages comme des opportunités.
Quels sont les pièges à éviter lorsqu’on souhaite s’impliquer dans une entreprise familiale ?
Il est essentiel de distinguer famille et affaires pour éviter les conflits inutiles. Il ne faut certainement pas prendre pour acquis qu’il sera plus facile de travailler pour sa famille. En fait, je dirais qu’il faut bucher encore plus fort pour honorer ce que les générations précédentes ont bâti avant nous. Je perçois mon travail comme une forme de reconnaissance qui, pour moi, est une grande source de motivation dans mon quotidien.
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