Pour sa série Entrepreneur du mois, Assurances Multi-Risques s’est entretenue avec Frédéric Leduc, Simon Gaudreau et Jean-François Larrivée d’Immune Biosolutions, une entreprise produisant des anticorps à partir d’œufs. Née de l’union de trois doctorants de l’Université de Sherbrooke, l’entreprise est située dans le centre multilocatif sherbrookois EspaceLABz.
Ce que fait Immune Biosolutions peut sembler nébuleux pour plusieurs, expliquez en vos mots votre expertise.
Simon : Nous sommes une entreprise biotechnologique qui développe des anticorps thérapeutiques et nutraceutiques à partir d’œufs pour résoudre des problèmes mondiaux de santé.
Jean-François : En d’autres mots, nous stimulons le système immunitaire de poules dans une direction souhaitée, c’est-à-dire pour qu’il « combatte » une affection donnée, un peu à la manière d’un vaccin. Il développe ainsi des anticorps qui sont transmis dans les œufs, plus précisément dans le jaune, et nous les en extrayons. Actuellement, nous travaillons sur des anticorps pour la santé gastro-intestinale et le traitement de plusieurs cancers.
Frédéric : Traditionnellement, les anticorps utilisés en recherche proviennent du sang d’animaux comme des lapins, les rats et les souris. Mais une telle méthode va à l’encontre de la santé de l’animal… Nous n’étions pas les premiers à penser à produire des anticorps dans les poules, mais notre innovation a été de développer une procédure d’extraction efficace !
Vous avez démarré ce projet ensemble et êtes tous les trois à la tête de l’équipe dirigeante, pouvez-vous m’expliquer les rôles de chacun ?
Frédéric : En tant que PDG, je m’occupe de la vision à moyen et à long terme de l’entreprise. Je m’implique également dans la commercialisation avec le support de Simon. Pour sa part, son principal poste demeure toutefois celui de directeur scientifique : il est en charge des innovations. Jean-François, quant à lui, est chef des opérations. Il gère donc l’équipe et surveille les avancements des projets.
En démarrant votre entreprise, vous vous êtes éloignés du chemin traditionnel pris par les doctorants, celui de devenir professeur, pourquoi ?
Simon : Quand nous étions au doctorat, nous utilisions tous les trois beaucoup d’anticorps, protéines du système immunitaires, dans le cadre de nos recherches. Même s’ils occupent un rôle central en recherche biomédicale, nous avons constaté, pendant nos études, que le mode standard de production des anticorps était épuisé et avons donc décidé de nous tourner vers les anticorps du poulet.
Frédéric : De mon côté, des raisons plus personnelles m’ont aussi poussé à choisir la voie de l’entrepreneuriat. Comme vous le mentionniez, le chemin « classique » pour un étudiant au doctorat dans notre domaine est de faire un stage postdoctoral aux États-Unis, puis de devenir professeur au Canada. Toutefois, au moment de partir à l’étranger, ma conjointe était enceinte de nos jumeaux et nous avions déjà deux enfants. Partir pour un autre pays était difficilement envisageable ! J’ai donc écouté ma fibre entrepreneuriale et suivi mon second plan de carrière en lançant mon entreprise.
Jean-François : Aussi, en raison de l’austérité des dernières années, obtenir un poste de professeur, et donc, suivre le chemin conventionnel est maintenant d’autant plus ardu… En fait, créer son propre emploi s’avère dorénavant plus facile ! En terminant nos études, nous avons donc développé notre plan d’affaire pour remédier au problème expliqué par mon collègue Simon plus tôt et l’avons présenté à l’Accélérateur de création d’entreprises technologiques (ACET) de l’Université de Sherbrooke – un programme qui fournit des cours de gestion et de commercialisation, en plus d’offrir du mentorat aux récents diplômés. Notre projet a été sélectionné dans la 2e cohorte !
Simon : Auparavant, nous ne penchions pas volontairement vers l’entrepreneuriat, mais nous étions tous les trois très impliqués dans des organisations étudiantes et des événements, lesquels avaient tous une très forte composante entrepreneuriale. Bref, nous étions des entrepreneurs qui s’ignorent ! L’ACET a vraiment révélé ce côté de nous.
Vous avez remporté plusieurs prix, tout semble bien se dérouler pour vous ! Malgré cela, vous faites sans doute face à plusieurs défis, lesquels ?
Simon : Le financement ! Pour développer un médicament, plusieurs dizaines, voire centaines, de millions de dollars sont nécessaires. Il faut beaucoup de temps, de patience et de capitaux de la part des investisseurs. Et les obtenir, particulièrement au Québec, est loin d’être évident.
Jean-François : Notre jeune expérience n’avait rien non plus pour rassurer les investisseurs… Passer de scientifique à entrepreneur est déjà un bon défi en soi. Et ceux qui le font sont en général plus âgés que nous, et ont donc une plus grande expérience sur le terrain. Pour nous, le défi était double, car il fallait faire nos preuves en tant que scientifique et en tant qu’entrepreneur à la fois.
Pourquoi avoir choisi de faire affaire avec un courtier d’assurance indépendant?
Frédéric : Excellente question ! Parions que la raison vous surprendra : au début de notre entreprise, nous utilisions les œufs de poule, mais aussi, ceux d’autruche. Un seul de leurs œufs correspond à 36 de poule ! Nous avions donc cinq autruches, des animaux potentiellement dangereux, hébergées chez un éleveur. Et cela nous causait tout un souci d’assurance… Personne n’arrivait à trouver une solution ! Heureusement, grâce à la recommandation d’un collège de l’ACET, nous avons contacté Christopher et en une semaine et demie, il avait une proposition sur la table pour nous. Il est le seul à avoir réussi ! Nous travaillons donc avec Assurance Multi-Risques depuis.